L’inflation : calamité ou bénédiction ?

L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l’augmentation du coût de la vie. La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l’économie nationale dans son ensemble (ménages, entreprises, etc.).

INSEE (https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1473)

Je ne vais pas te parler de l’aspect « désastreux » de l’inflation sur l’économie, les médias et les économistes le font déjà bien assez.

Je vais plutôt t’expliquer pourquoi, en regardant depuis mon prisme micro-économique de néo-propriétaire et salarié dans un domaine porteur, je vois l’inflation (ainsi que les difficultés de recrutement des entreprises, d’ailleurs) comme une bénédiction.

J’évoquerai quand même quelques « bienfaits » de l’inflation pour l’économie à la fin de ce post.

Raison 1 : mes augmentations se calculent par rapport à l’inflation

Dans mon entreprise, comme dans beaucoup d’autres, les « Négociations Annuelles Obligatoires » (NAO) se basent sur l’ »indice des prix à la consommation » (IPC) de l’INSEE, qui est l’indicateur d’inflation le plus utilisé.

Et, étant en début de carrière dans l’informatique, mon salaire augmente plus vite que l’inflation : je ne perds donc pas de pouvoir d’achat.

Raison 2 : mes crédits immobiliers vont être plus faciles à rembourser

Tu l’as peut-être constaté, beaucoup de « gros » patrimoines immobiliers actuels ont en fait été construits par la génération de nos grands-parents, dans les années 70 & 80.

Pourquoi ?

Car à cette période (outre le fait que l’évolution des prix de l’immobilier n’était pas encore décorrélée de l’évolution des salaires), l’inflation oscillait entre 5 et 10%.

Or, les salaires suivent (globalement) l’inflation. Et même si les taux d’intérêts étaient plus élevés à l’époque, quand après 7 ou 8 ans ton salaire a doublé alors que le capital à rembourser est resté le même, c’est tout de suite beaucoup plus facile de rembourser son crédit par anticipation !

C’est la même chose pour moi : plus l’inflation est élevée, et plus il m’est facile de rembourser mes mensualités et/ou le capital restant dû !

Un petit calcul pour illustrer avec des données personnelles : avec ma conjointe, nous avons emprunté 160 000€ en 2020 pour acheter notre maison, à 50%/50%. Soit, pour ma « part, 80 000€ à rembourser, pour une mensualité autour de 500€.

En 2020, je gagnais 2900€ brut mensuels. Deux ans plus tard, je gagne 3400€ brut mensuels. Je ne vais pas convertir ce salaire brut en net, c’est juste pour illustrer (cette augmentation n’est pas uniquement due à l’inflation récente, mais restons simples : ça correspond une augmentation de 17%, tu n’as qu’à imaginer que l’inflation moyenne sur 2 ans était de 8,5% par an).

Or, ma mensualité n’a pas suivi ce rythme ; son « poids » par rapport à mon revenu (= taux d’endettement) est passé de :

– 2020 : 500/2900 = 17,24%
– 2022 : 500/3400 = 14,70%

Une autre manière de regarder les choses est de calculer à combien de fois mon revenu annuel correspond le capital à rembourser (et donc, combien de temps je mettrais à rembourser e crédit si 100% de mon revenu était dédié à ce remboursement) :

– 2020 : 80 000 / (12*2900) = 2,3 ans
– 2022 : 80 000 / (12*3400) = 1,96 ans

Sur deux ans, la différence est notable. Je te laisse imaginer l’impact, sur une plus longue période avec le mécanismes des intérêts composés, et/ou une inflation plus forte…

Petit bonus : en parallèle, ma maison va avoir plutôt tendance à gagner de la valeur, en « suivant » le pouvoir d’achat des acheteurs potentiels !

Raison 3 : je garde un minimum d’épargne « de précaution »

Je suis à l’aise avec l’investissement, n’ai que très peu d’aversion au risque, suis en CDI, n’ai pas d’enfant à charge, ni aucun gros frais à engager prochainement.

Pour ces différentes raisons, je ne garde que moins de 5000€ en « épargne de précaution » sur mon LDD. Avec une inflation aux alentours de 3% (comme en 2021), je ne « perds » que 150€ de pouvoir d’achat.

Contrairement à certains épargnants gardant de grosses sommes sur leurs livrets, l’inflation ne m’impacte pas tant que ça, à ce niveau-là tout du moins.

Raison 4 : mon patrimoine est relativement protégé de l’inflation

C’est directement lié au paragraphe juste au dessus : l’argent investi en actions ou en immobilier (= qui ne « dort » pas), a tendance à être davantage protégé contre l’inflation.

Pourquoi ? Car les prix des biens immobiliers / produits financiers vont se comporter comme pour n’importe quel autre produit, via la loi de l’offre et de demande, avec des acheteurs qui auront plus d’argent (merci les hausses de salaires et les épargnants qui ne veulent plus garder d’argent qui « dort » !).

Quelques bienfaits…

Avant de parler d’économie, sache que je ne suis qu’un amateur sans aucun diplôme sur ces sujets, et que j’ai un biais idéologique très clair, que j’assume totalement.

  • Une inflation élevée favorise surtout les travailleurs, entrepreneurs et emprunteurs, au détriment des rentiers et des prêteurs: si je suis rentier (immobilier ou grâce à des produits financiers, peu importe) et qu’il y a peu d’inflation, des rendements faibles me suffisent pour bien vivre. Par contre, si l’inflation remonte et que mes revenus restent constants, je vais perdre en pouvoir d’achat. La seule solution est donc de prendre plus de risques, et donc devenir plutôt devenir un « vrai » investisseur, en finançant des entreprises par exemple (parce que bon, je suis rentier, je vais quand même pas bosser, non mais hô !)
  • L’inflation est favorable aux reprises économiques: en sachant qu’un bien (ou un service) coûtera nettement plus cher demain, autant l’acheter maintenant !
  • La dette (publique comme privée) pèse de moins en moins lourd (voir le paragraphe « Raison 2 » plus haut), ce qui est positif pour
    • les Etats (mais à nuancer à cause des mouvements de taux directeurs, mais je ne vais pas rentrer dans le détail ici)
    • Les entreprises, qui ont donc davantage de marge de manœuvre pour investir & emprunter

La Banque Centrale Européenne considère que le niveau d’inflation idéal se situe autour de 2%, mais dans les faits, les périodes économiques les plus « fastes » économiquement des dernières décennies (30 glorieuses, jusqu’à la fin des années 1980) ont connu une inflation moyenne autour des 5%, avec des pics autour de 10% !

En fait, ce « niveau idéal » de 2% est principalement idéologique : les états ne veulent pas léser les épargnants. Et tant pis pour les autres effets, un peu plus complexes à appréhender.

…mais :

Si l’inflation progresse trop rapidement pour laisser le temps aux salaires de suivre, ou si les salaires de certains salariés ne sont pas indexés sur les prix, cela pénalise directement le pouvoir d’achat. Idem pour les pensions de retraites, les allocations sociales, etc.

De la même façon, pour les entreprises, une inflation trop rapide et le manque de visibilité sur l’avenir (sur le pouvoir d’achat des consommateurs, notamment, et donc leur rentabilité) peut engendrer de la prudence, les pousser à réduire les investissements, et donc leur potentiel de croissance.

En espérant que ce petit article te donnera un autre prisme de lecture sur l’inflation et la manière dont les médias (spoiler : pas forcément toujours objectifs) l’abordent